Il y avait des possibilités de survivre dans un camp de concentration. La bibliothécaire d'Auschwitz" raconte la vie de Dita Kraus, une jeune fille de Prague déportée avec sa famille à Auschwitz pendant l'occupation allemande de la Tchécoslovaquie. Là, à l'âge de quatorze ans, elle accepte de gérer huit livres spéciaux que des détenus ont fait passer devant les gardes. En prêtant ces livres à d'autres prisonniers, elle a contribué à préserver l'imagination, l'humanité et l'éducation face aux pires abîmes. Une adaptation en bande dessinée du livre éponyme du journaliste espagnol Antonio Iturbe, qui, sur la base d'une série d'entretiens avec Dita Kraus, a publié ses souvenirs sous forme de roman en 2012. Traduit dans plus de 30 langues, ce dernier a été diffusé à des millions d'exemplaires et paraît aujourd'hui sous la forme d'un magistral roman graphique simultanément en français, espagnol, anglais et allemand. Dita Kraus, née en 1929, vit aujourd'hui en Israël.

Nous n'appellerons pas cet album un roman graphique magistral. Il s'agit d'une bande dessinée au style conventionnel, dans laquelle les camps et les gens sont tous très propres et ordonnés. Les mimiques des protagonistes sont toutefois pertinentes dans chaque scène. Qu'il s'agisse de peur, de joie, de terreur, d'humour ou d'arrogance, Salvio Rubio et Loreto Arcora expriment habilement les humeurs respectives. Ce qui est intéressant dans cet album, c'est surtout l'histoire (authentique). Quand il s'agit de survivre, les gens développent leur créativité. Une bibliothécaire pour huit livres - qui a besoin d'une telle chose ? Mais du fait que l'on a ainsi une tâche (= un travail), on n'est plus forcément une vie sans valeur pour les nazis. Au moins, on n'est plus en première ligne quand il s'agit de savoir qui sera le prochain à être gazé. Grâce à l'aide d'un autre détenu, Dita parvient toujours à échapper aux sélections du tristement célèbre médecin du camp de concentration Mengele. Mais tout peut changer chaque jour : Chaque mot de travers, chaque mouvement suspect, même une expression interrogative ou dubitative sur le visage peut signifier la mort immédiate. Les dessins et la construction de l'album ressemblent à ceux du Photographe de Mauthausen, auquel Salva Rubio a également collaboré.