Le monde est en train de mourir. Paris est devenue une ville morte et déserte. Seules quelques tribus survivent encore grâce à quelques ressources souterraines et à la protection des exorcistes. Comment ça a pu en arriver là ? L'homme a vidé les océans, les a souillés, pollués et asphyxiés par le plastique. La mer est morte. Et après des siècles de torture, il cherche à se venger. À intervalles réguliers, le ciel devient bleu océan. Tous les poissons morts, les méduses et les requins arrivent alors comme des zombies marins à moitié digérés pour rendre le continent dangereux. Ils nagent - ou volent si vous préférez - agressivement autour et attaquent les quelques humains survivants. Un seul contact et votre âme est avalée et vous devenez vous-même un zombie sans âme. Seul un exorciste peut vous protéger. Lors d'une de ces inondations, une baleine blanche géante s'attarde au-dessus de l'Opéra de Paris. Elle semble enchantée par la musique jouée par les survivants retranchés là.

Quelle prémisse ! La Baleine blanche des mers mortes est la première bande dessinée d'Aurélie Wellenstein. Lassés du monde comme nous le sommes, nous l'avons d'abord cherchée sur Google. Vous tombez sur des prix littéraires pour plusieurs de ses histoires fantastiques. Son passage au neuvième art est sans aucun doute une valeur ajoutée au genre quelque peu exploité, mais avec cette bande dessinée, elle paie un certain prix d'apprentissage. Elle en veut trop. Outre le cadre ci-dessus, elle présente deux autres héros intrigants, une fille qui parle aux méduses et un type qui se promène avec un sweat à capuche de Punisher. L'interaction entre les deux, la marée et l'exorciste fournissent sans effort l'inspiration et l'action pour au moins trois bandes dessinées, mais tout est bouclé en un seul album. C'est un peu trop, malheureusement, mais quel potentiel a cette scénariste ! Cela pourrait devenir une série. Le dessinateur Olivier Boiscommun se sent comme un poisson hors de l'eau avec ce one-shot (jeu de mots). Il jette par-dessus bord son style de dessin de Danthrakon et revient à la profondeur de sa série Troll. Le résultat est absolument stupéfiant. Quels dessins ! Quelle couverture aussi.