Les cerveaux les plus remplis du monde vont devoir mettre leur immense savoir théorique à l'épreuve de la pratique ! Pour parvenir à délivrer la mystérieuse soeur jumelle de Diego de l'île où le FBI compte l'étudier et empêcher les Iconoclastes de diffuser le virus informatique le plus destructeur de l'Histoire, ils vont même devoir faire preuve d'ubiquité. Mais au bout de cette épreuve les attend une des rares connaissances qu'ils ignorent encore : le secret de leurs origines !

Révélations en cascade, allégorie de la défense du savoir sur la culture. Vincent Dugommier entraîne ses jeunes héros dans des interrogations cornéliennes sur le rapport culture / savoir. La culture dépend du contexte qui la crée : arracher le cœur de ses ennemis vivants pour satisfaire ses dieux, constitue un élément cultuel qui devient culturel. Est-ce pour autant une tradition digne de traverser le temps ? Le savoir transcende la culture. Il relativise des connaissances empiriques acquises pour les adapter aux connaissances vérifiées et vérifiables. Comme d’éviter d’ouvrir la poitrine de ses ennemis pour que le soleil se lève le lendemain. La culture fonctionne comme un cadre structurant (manière de s’habiller, de parler, de se comporter, etc.), quand le savoir ressemble plus à l’outil qui va aider à façonner, à relativiser ou à remettre en question ce cadre. L’apport des mathématiques, de la physique, de la biologie, parfois de la philosophie, permet à une civilisation de se développer, de prospérer, voire d’échanger avec d’autres civilisations. Pour survivre ou bien les absorber. Amusant également de voir que dans la lutte pour le savoir (partagé ou non) de la série, certains (par le nom de leur groupe, les Iconoclastes) y proscrivent implicitement l’usage de l’image. Comme si elles n’étaient pas une forme ou une source de savoir(s). Les vrais Iconoclastes byzantins étaient contre la diffusion des images pieuses - monopole très lucratif des moines iconodules -, puisque toute représentation divine leur était culturellement insupportable. Le dessin de Renata Castellani est toujours bien trop sage pour une telle série. Même ses influences nippones ne sont pas assez exploitées pour donner un peu de folie à son trait. Elle a la chance que son graphisme soit soutenu (quasi littéralement) par les couleurs de Benoît Bekaert. Beaucoup plus présentes que dans les précédents tomes, ses couleurs fournissent le support sans lequel le dessin paraîtrait très léger.