"Moheeb sur le parking" nous plonge dans le quotidien de Moheeb, un adolescent afghan réfugié, qui vit sur un banc d'un parking près de Bruxelles. Son existence précaire est ponctuée par des parties de football avec son ami Hugo, des discussions avec Qaïs, un autre migrant tombé amoureux, et le soutien de Souad, membre d'une association, ainsi que de la mère d'Hugo. Malgré la menace constante d'expulsion, les agressions et l'attente interminable de ses papiers, Moheeb semble parfois profiter des longues journées d'été. Cependant, un mal-être profond le ronge intérieurement.

La bande dessinée aborde un thème rarement traité dans la BD franco-belge : la vie quotidienne des mineurs étrangers isolés. Clara Lodewick fait preuve d'une audace narrative en se concentrant sur cette réalité souvent invisible et en humanisant une situation complexe et douloureuse. L'œuvre est clairement engagée et met en lumière la situation inhumaine dans laquelle les pays occidentaux laissent de nombreux jeunes réfugiés. Elle soulève des questions importantes sur l'accueil, l'attente et la dignité humaine. Lodewick réussit à dépeindre avec finesse la solitude, l'attente et le possible mal-être intérieur de Moheeb, un personnage taiseux dont les émotions sont souvent suggérées plus que explicitement exprimées. Le lecteur est invité à s'interroger sur ce qui se passe dans la tête de cet adolescent confronté à une telle précarité. Le trait ondulant et parfois légèrement caricatural de Clara Lodewick, ainsi que sa palette de couleurs bien étudiée, servent efficacement l'ambiance du récit et parviennent à rendre les scènes du quotidien à la fois banales et significatives. L'insistance sur la description du temps qui s'écoule lentement pour Moheeb peut entraîner un rythme de lecture parfois lent, ce qui pourrait décourager certains lecteurs.