Color Recipe est une série en deux tomes publiée au Japon aux éditions Kadokawa Shoten puis chez Shinshokan. Shôkichi est un coiffeur qui travaille dans un salon de coiffure, il est un peu maussade, peu loquace mais très doué, ce qui ne l'aide pas beaucoup si ses clients habituels sont peu nombreux. Malgré cela, Shôkichi ne baisse pas les bras et continue à soutenir son patron et ami dès qu'il le peut, même si son tempérament le pousse souvent à l'erreur. Depuis peu, il travaille aux côtés de l'extraverti Fukusuke, qui est l'âme de la fête. Ce styliste vedette est adulé par les clients, son flirt le distingue des autres et ce qui lui manque en pratique, il le compense par son charisme. On sent qu'il sait ce qu'il fait, même si sa langue le pousse souvent à en dire trop. Il n'est pas surprenant que ces deux-là s'entendent comme chien et chat, mais un soir, Shôkichi laisse son partenaire rester à la maison parce qu'il a raté le dernier train. Pendant la nuit, Fukusuke se glisse dans son lit et prouve à son innocent partenaire qu'il ne cherche pas seulement à s'entendre avec lui dans son travail, mais quelque chose de plus.

Colour Recipe, comme son nom l'indique, nous présente une histoire d'abord amusante et décontractée sur deux hommes qui, malgré leurs différences, s'avèrent être faits l'un pour l'autre, le tout se déroulant dans un salon de coiffure où les employés coexistent et mènent leur vie quotidienne de la manière la plus agréable possible et où la confusion est un phénomène courant qui n'est pas pris en compte outre mesure. La surprise vient lorsque cette façade s'effondre et que l'on se rend compte que ce manga n'a pas grand-chose à voir avec la naïveté et le hasard. Et le virage à 180 degrés qui nous attend à la moitié du volume nous laisse la mâchoire décrochée tant il semble bien orchestré, nous révélant que les gens ne sont pas toujours ce qu'ils semblent être et qu'on ne peut même pas se fier à son ombre. Il ne faut pas oublier que cette histoire ne fait que deux volumes, donc son développement a atteint son point culminant dans ce premier volume et après ce volume, nous ne pouvons que croiser les bras et voir comment elle sera résolue, avec, espérons-le, le même charme qu'elle a eu jusqu'à présent. Quant à l'art de Harada, nous l'avons trouvé exceptionnel et il est devenu l'un de nos artistes préférés pour les mangas Yaoi. Son character design est fabuleux et il parvient à donner à leurs regards un voile de sensualité qui les rend uniques, ce qui n'est pas souvent exploité dans ce genre où l'on ne trouve généralement que les scènes les plus explicites. Malheureusement, le monde de la coiffure nous semble mal représenté et n'est qu'une toile de fond sur laquelle se déroule l'action. C'est dommage car ce point aurait pu être davantage exploité, même si nous savons que son absence n'affecte pas l'intrigue.