Save me Pythie n'est pas un manga japonais pour une fois, mais une production française signée Elsa Brants, épouse du dessinateur de City Hall, Guillaume Lapeyre. L'intrigue nous plonge dans la Grèce Antique, où Pythie a refusé de céder aux avances d'Apollon, Don Juan des temps anciens. Et pourtant, il s'agit l'une des servantes de son propre temple ! Terrible erreur, voici que Pythie est frappée d'une malédiction, celle de pouvoir prédire les catastrophes, et personne ne la croira jamais, à l'exception de Cassandre, une mémé qui s'est retrouvé dans la même situation qu'elle il y a bien des années. Alors que tout semble perdu, Zeus entre alors en scène ... sous la forme d'un poulet. Il a décide de voyager avec Pythie pour échapper aux crises de nerfs de sa femme, Hera, et lui a confié une mission d'envergure : Surveiller Xanthe, l'un de ses nombreux fils cachés, dans sa quête de gloire et de succès. Forcément, le trio va enchaîner les catastrophes, et certains passages clés de la mythologie grecque seront pour le moins dépoussiérés. Pendant qu'il essaye de s'échapper de l'estomac d'un T-rex zombie (!), Xanthe va se retrouver dans une situation encore plus délicate. En effet, trois êtres ailés invulnérables s'en prennent à lui, exactement comme dans la vision de Pythie. Il s'agit des Erinyes, des divinités infernales prêtes à rendre leur jugement en emmenant l'anti-héros au Tartare, les Enfers pour faire simple.

La ré-interprétation des mythes ne manque pas d'humour décalé, et les personnages apparaissent souvent ridicules. Hadès, le Dieu des Enfers (et frère de Zeus) est loin d'exprimer son visage le plus inquiétant, et l'arrivée de Pythie dans sa résidence n'a rien de compliqué (oh il est toujours facile de corrompre le gardien du Styx). Après une parodie de jugement sur le cas de Xanthe, ce dernier doit accomplir un exploit pour gagner son rang de héros et parvenir jusqu'à l'Olympe. Une perspective qui n'enchante pas du tout Pythie, car elle a découvert qu'il va provoquer la fin du repaire des Dieux. Cassandre dit avoir la situation en main, mais se pourrait-il qu'elle manigance quelque chose de plus nébuleux ? On remarquera qu'un important travail historique a été fait et que de nombreux références au monde moderne ont été détournées. Si vous aimez l'antiquité, les expressions exagérées et les parodies, ce manga est pour vous (le supplément bonus vous proposant de créer votre propre Zeus poulet est encore plus délirant). Le seul point qui gagnera à s'améliorer vient du dessin. L'ensemble est agréable, les personnages s'avèrent plutôt stylisés, mais les décors demeurent parfois un peu léger.