Forgotten Fields entre dans la mêlée des simulateurs de marche comme une autre de ces expériences cherchant à être racontable et à être émotionnellement motivée à travers les yeux d'un auteur essayant de trouver sa place dans la vie, et pousse vraiment l'agenda de vouloir être lent et confortable, et bien qu'il y ait des idées soignées mises en place d'une expérience plutôt sombre, l'accent mis sur sa nature lente a tendance à entraver le rythme au point où le confort de celui-ci devient épuisant et endort plutôt que de susciter une sorte de plaisir ou d'intérêt pour les événements qui se déroulent. Bref, Forgotten Fields se présente dans un style minimaliste et quelque peu « plat », privilégiant une utilisation sobre des couleurs vives plutôt que des scènes et des détails chargés, pour une détente visuelle et mentale accrue. Le jeu se porte bien, avec une esthétique suffisamment soignée pour que son message et son parcours ne soient pas forcément perdus, même si la lenteur et parfois le rythme de son récit et de son gameplay ont tendance à en perturber la lecture. Bien que le jeu soit plutôt modeste et pertinent dans son approche pour raconter une histoire et essayer de vous investir émotionnellement et de vous détendre, le plus souvent, de nombreux échanges de dialogue ressemblaient à du remplissage ou n'étaient tout simplement pas intéressants, d'autant plus que le personnage principal, Sid, lui-même n'a aucune réelle motivation pour continuer, donc sa personnalité peu enthousiaste, bien que compréhensible, donne simplement l'impression que c'est une corvée. Et pire que tout, l'absence de localisation française en fait un titre à fuir si vous ne maîtrisez pas la langue de Shakespeare. Le jeu réussit à vous emmener à travers une multitude d'environnements, cependant, presque, d'une certaine manière, métaphorique des hauts et des bas que Sid a eu tout au long de sa vie et qui, ces derniers temps, a du mal à payer ses factures en tant qu'auteur, le blocage de l'écrivain étant assez important tout au long, bien que petit à petit presque parallèle au récit, au fur et à mesure que vous commencez à accepter davantage et à obtenir une conclusion, vous êtes capable d'écrire davantage et pouvez influencer ce que Sid note tout au long du jeu.

Les choix de dialogue ne sont pas nécessairement nombreux, mais ils ne sont pas non plus oubliables, donc les décisions que vous prenez sur la façon de répondre aux gens ainsi que d'écrire dans votre livre pour respecter une échéance - aussi forcée que cela puisse paraître ou sembler - donnent aux joueurs une sorte d'expérience sur mesure à chaque fois que quelqu'un joue, bien que la base et la structure globales restent inchangées pour la plupart. On sent à maintes reprises que Forgotten Fields souhaitait plus d'interactions que ce qu'un jeu classique de ce type propose habituellement. Si certaines choses ajoutent un peu de profondeur, des événements étranges comme le passage d'objets à travers des objets ou l'assemblage de quelque chose vous perturbent assez rapidement en raison du manque d'optimisation pour rendre ces idées et mécanismes un tant soit peu captivants. La nature fastidieuse des tâches aléatoires sans réelle pertinence est un obstacle, et si Forgotten Fields ne vous occupera pas forcément plus de quelques heures du début à la fin, il a tendance à paraître beaucoup plus long. Forgotten Fields donne souvent l'impression de viser haut, mais de viser bas, et malgré ses idées astucieuses, il est un peu trop direct dans sa gestion du gameplay et de la présentation. Bien que ce ne soit pas forcément un mauvais jeu, il existe de nombreux autres choix qui fonctionnent mieux et rendent l'expérience plus fluide et agréable. Si le jeu vous fait découvrir des tonnes d'environnements formidables, certains plus exagérés que d'autres, la lenteur du rythme peut finir par gâcher l'ambiance, même si la durée de jeu est déjà courte, entre 2h30 et 4h. C'est une bonne idée et une manière unique de faire un simulateur de marche qui met en œuvre des idées artistiques soignées dans une présentation minimaliste qui joue également avec la perspective (comme passer de l'isométrique à la première personne, au défilement latéral, au haut vers le bas, etc.), mais avec son ton dépressif (pas nécessairement sombre, juste dépressif d'une manière épuisante), Forgotten Fields donne l'impression que vous traînez finalement les pieds dans une présentation prolongée qui aurait grandement bénéficié d'une narration plus concise.