Gérard Poaillat aimait l'Algérie, comme en témoignent les centaines de portraits d'Algériens ordinaires qui ont fait sa renommée avant qu'il ne devienne un photographe de presse mondialement connu. Dès lors, quelle meilleure utilisation de l'héritage laissé à la municipalité qu'un musée consacré à la guerre d'Algérie ? Un musée qui accueillera non seulement la vision de Poaillat, mais aussi les souvenirs des milliers d'autres réfugiés qui ont trouvé une nouvelle terre d'accueil en France. Une exposition mosaïque de la mémoire collective, construisant la grande vérité à partir des milliers de petites contributions individuelles. Mais bien sûr, de l'idée à la réalisation, il y a un million de pas, parce que chaque camp a ses regrets et ses souffrances, que les conflits d'il y a 70 ans ne sont qu'engourdis, transmis de génération en génération, et que les gens mentent. Ou plus exactement, ils déforment la vérité aux couleurs de leurs propres préjugés...

L'histoire se déroule dans un petit village français où le maire a l'idée de construire un mémorial de la guerre d'Algérie à la suite du décès d'un célèbre photographe. Ce projet, qui semble simple au départ, va rapidement se transformer en une source de tensions et de conflits, révélant les "trous de mémoire" et les divergences d'interprétation autour de cet événement historique.  Nicolas Juncker aborde avec finesse et humour un sujet complexe et délicat, celui de la guerre d'Algérie et de ses mémoires. L'auteur crée des personnages attachants et nuancés, qui incarnent les différentes visions et sensibilités autour de cette période historique. Le scénario est bien construit, alternant moments de comédie et de réflexion, et tenant le lecteur en haleine jusqu'à la fin. Le style graphique de Nicolas Juncker, avec son trait clair et ses couleurs vives, sert parfaitement le récit et les personnages. La BD invite à réfléchir sur la manière dont nous construisons et transmettons l'histoire, et sur les enjeux de la commémoration. La complexité du sujet : La guerre d'Algérie est un sujet complexe, et certains lecteurs pourraient avoir besoin de connaissances historiques pour apprécier pleinement la BD.