La jeune Catrina n'est pas vraiment enchantée de quitter la Californie du Sud pour rejoindre le nord de l'Etat, plus précisément la petite ville de Bahia de la Luna. Officiellement, la famille part s'y installer parce que le père de famille a trouvé un nouveau travail, officieusement, la décision a été prise dans l'espoir d'améliorer la santé de sa petite sœur Maya, atteinte de mucoviscidose, une maladie génétique actuellement incurable. Difficile pour une adolescente d'être déracinée comme cela, et de perdre tous ses amis d'un coup. En explorant la petite ville côtière au climat pas vraiment tropical (au contraire), Cat et Maya vont rencontrer Carlos, leur voisin, qui va leur raconter les histoires liées à Bahia de Luna. Chaque année, le 1er novembre, les habitants retrouvent les fantômes de leurs proches disparues. Cat ne croît pas une seule seconde à de telles simagrées, au contraire Maya entend bien aller à la rencontrer de ces spectres. Peu à peu, l'ambiance sombre et brumeuse de la ville commence à inquiéter Cat.

Fantômes est un ouvrage qui s'inspire beaucoup de la ville de l'auteure Raina Telgemeir, elle-même latino-américaine. D'un point de vue culturel, on peut dire que c'est un peu le choc des mondes pour un Européen, avec des traditions ancestrales qui n'ont absolument rien à voir de ce côté de l'Atlantique. Le lecteur sera peut être un peu surpris par la teneur de certains propos, mais ce cadre est surtout présent pour dédramatiser la réelle portée du récit, l'ombre de la mort de Maya, atteinte d'une maladie qui fait peu de trentenaires sans greffe de poumons. A Bahia de Luna, les disparus font partis du paysage et il faudra s'habituer à leur apparence très squelettique, et surtout par le fait qu'ils ne peuvent absolument pas parler. De ce côté, le dessin très vivant permet de faire passer les émotions, et le trait dynamique présente un côté proche du dessin animé. Les dialogues sonnent particulièrement justes, évoquant à la fois le mal être adolescent, la maladie, la cohabitation entre différentes cultures ou encore l'après, non sans une touche d'humour.