Qu'adviendrait-il de notre société si elle renonçait à ses libertés à cause de croyances, des nouvelles technologies, d'un virus ou même du carcan familial ? Dans cette anthologie de récits d'anticipation, l'auteur turc Ersin Karabulut décrit à la perfection les maux de notre société et le moment où tout bascule.

Pour lire cette bande dessinée, vous devrez vous armer de réflexion et d'imagination. Le dessinateur turque Ersin Karabulut a décidé, avec son nouvel album "Jusqu'ici tout allait bien" de vous emmener dans son univers dont vous ne ressortirez sans vous être posé de nombreuses interrogations. Il s'agit en réalité d'une série de neuf contes dont le sous-titre aurait pu être emprunté à Charles Bukowski "Contes de la folie ordinaire". L'auteur, à la fois scénariste et dessinateur de talent, passe au crible notre société à travers un filtre pour en faire ressortir tous ses travers, les mettre en exergue et surtout les amplifier afin de nous faire réagir. De nombreux thèmes sont abordés, tels que la religion, la politique, les réseaux sociaux, l'enfant, le conservatisme, le passage à l'âge adulte, thèmes qui ne peuvent pas nous être étrangers. Ersin Karabulut joue avec ces thèmes, les analyse, les transforme et nous les présente ainsi. Les contes ne comportent chacun que quelques pages, mais sont tous traités de manière intensive, comme s'ils s'agissait d'un condensé, avec d'autant plus de saveur, mais parfois aussi, d'horreur ; nous parlons ici de la chute du conte 7 Le fils du père, qui s'avère terrible. Le format était totalement inhabituel en bandes dessinées, mais il est tout à fait adapté pour passer en revue ces différents sujets à travers le prisme de l'anticipation et de la satire pour en faire ressortir les maux. Grande surprise en ce qui concerne les dessins, qui selon les histoires, nous embarquent dans des univers visuels complètement différents, que ce soit pour les personnages ou les décors. Totalement impressionnant. À nous, à qui ces travers ont été exposés, de nous emparer de ces critiques sociétales afin que chacun, à son propre niveau, puisse faire une introspection et déterminer ce qu'on pourrait changer ou tout du moins essayer de faire évoluer.