Georges est un jeune amérindien acculturé (on lui a coupé les cheveux, habillé comme un blanc et puis, il s’appelle Georges) qui a été pris sous son aile par un pasteur blanc. Un jour Little Knife, un bandit indien débarque, il cherche à tuer l’homme responsable de la mort de sa mère et le pasteur n’est pas étranger à cette histoire. Georges est un enfant qui n’a pas connu l’amour. On dit dans la BD que c’est une pomme “rouge à l’extérieur, blanc à l’intérieur”. L'album raconte sa quête identitaire “violente et poétique”. Les populations indigènes d’Amérique ont été exterminées par les blancs et les maladies. Au moment de l’histoire, 93% d'entre eux ont disparu. Les 7% restant ont été parqués dans des réserves. L'ouvrage pose la question de la survie des traditions de ces peuples pour leurs héritiers qui doivent choisir entre s’assimiler ou résister. On parle d’appropriation culturelle et des blancs qui exploitent l’image de “l’indien d’Amérique” pour faire rêver.

Quid de cette BD de Romain Maufront (Neyef) qui raconte cette histoire ?. Eh bien, Neyef est lui même un quart vietnamien et il vit cette acculturation dont la BD parle. Un peu comme Georges, il est considéré comme blanc alors qu’il a une partie de lui qui vient d’ailleurs. Avec son dessin façon Toriyama (arc Boo) qui rencontre Bablet et des paysages à couper le sifflet. C’est une BD qui se savoure d’abord au dessin. L’édition, très qualitatif, vient accompagner cette expérience avec des grandes pages épaisses qui permettent au dessin précis de Neyef de s’épanouir et de respirer. Le scénario, dans les codes du western avec des hors la loi, côté indien. Le discours apparaît crédible sur la transmission, l’écologie et les traditions indiennes qui se perdent dans le grand ouest. Excellent cadeau à faire à un amateur de BD. L’objet et aussi beau que bien.