Oubliant un instant que Cézembre allait être un diptyque, nous avons vu une fin ouverte (réussie) dans le cliffhanger de la partie 1. Mais il s'agit bien d'un diptyque et c'est donc avec un état d'esprit renouvelé que nous abordons la deuxième partie. L'auteur Nicolas Malfin (Golden City) a choisi de ne pas présenter le résumé de la partie précédente sous la forme d'un bloc de texte sec, mais sous la forme d'un négatif de film stylistiquement astucieux. Graphiquement, cela met immédiatement dans l'ambiance pour la suite de l'histoire. Cette histoire tourne toujours autour des deux amants présentés dans la première partie. Après les événements survenus à la fin de la partie précédente, ils partent à la recherche l'un de l'autre, sans savoir si l'autre est encore en vie. Les Allemands, impitoyables, refusent de reconnaître leur défaite et résistent sans relâche. Ils font de Cézembre et de Saint-Malo, la ville voisine, deux mondes séparés, coupés l'un de l'autre. Pendant ce temps, les collaborateurs et les personnes désillusionnées des deux camps ont l'occasion de se venger et de poursuivre des objectifs personnels.

Aussi belle que soit Saint-Malo, c'est un endroit où l'on préférerait ne pas se trouver pendant un certain temps de la guerre. L'histoire n'a pas épargné la ville. De nombreux éléments de l'histoire (comme les bombardements et le commandant allemand von Aulock) sont authentiques. Malfin y ajoute une bonne dose de fiction. Il se passe beaucoup de choses, peut-être même un peu trop, dans ce dernier volume. L'atmosphère est nettement plus chargée que dans le premier volume. C'est comme si, soudainement, une pincée d'Hollywood était ajoutée à une histoire déjà pleine d'action. Non pas que nous ayons quelque chose à redire à cela, mais cela creuse tout de même un peu le fossé atmosphérique entre les deux parties du diptyque. Graphiquement, après le précédent volet, Malfin confirme une fois de plus qu'il peut aussi tenir son rang dans le genre réaliste. On aimerait d'ailleurs voir un autre projet solo de cet homme.