Un seul bombardier hongrois a combattu neuf chasseurs russes. Trois minutes d'un combat pour la vie qui n'a pas changé le cours de la guerre mondiale, mais qui a servi d'exemple à tous les soldats qui se battent pour leur pays. Le 23 octobre 1944, au-dessus d'Orosháza, neuf chasseurs soviétiques Yak-9 fondent sur un seul bombardier rapide hongrois Me 210 Ca-1. Les Russes s'attendaient à un combat de courte durée. Les chances sont clairement en leur faveur. Mais les Hongrois refusent de se résigner à leur sort. Gyula Pozsgay, qui a écrit et dessiné la bande dessinée, est le petit-fils du mitrailleur Messerschmitt qui a participé à la bataille aérienne. Et c'est ce grand-père vétéran de la guerre qui lui a appris à dessiner. L'histoire est basée sur des faits réels, des documents et le journal de guerre du protagoniste, avec le plus haut niveau d'authenticité historique possible dans le genre de la bande dessinée. The Old Tiger est un hommage à la mémoire des équipages et du Messerschmitt Me 210 Ca-1 de fabrication hongroise, aujourd'hui oublié.

On éprouve un sentiment un peu contrasté à la lecture de cet album. D'un côté, nous obtenons des images incroyablement puissantes qui racontent toute une histoire complète, magnifiquement dessinée. Nous sommes presque assis là avec les pilotes dans les avions, respirons avec eux, les poussons et nous creusons la tête sur les batailles aériennes auxquelles ils ont participé.  D'autre part, il est un peu touchant de voir comment le petit-fils commémore son grand-père. On sent également qu'il a essayé de rechercher l'authenticité. C'est une bonne chose que l'auteur ait placé les événements sur une carte. L'histoire aurait pu être plus élaborée, même si elle était à la base une évidence. Les 54 pages sont déjà courtes, surtout si une partie est une description fixe (situation de guerre, technologie militaire). Ce n'est pas inutile, mais c'est très statique, en dehors de l'intrigue. Il s’agit plutôt d’une diffusion documentaire des connaissances, et non de littérature. Le cœur de l’histoire, le déploiement, n’est pas passionnant à cause de la technique narrative, mais parce que les événements originaux l’étaient en premier lieu. Cependant, c'est une bonne idée de présenter brièvement la situation historique actuelle dans les premières pages, car la plupart des lecteurs francophones ne savent pas vraiment ce qui s'est passé en Hongrie durant la Seconde Guerre Mondiale. L'auteur aurait cependant pu insérer une sorte de fil conducteur humain, par exemple avant et après la mission, pour en savoir plus sur la vie des équipages, et peut-être sur leur sort plus tard. Espérons qu'il y aura une suite, cela vaudrait la peine d'impliquer des écrivains professionnels dans le développement de l'histoire.  Malgré les commentaires critiques, nous avons quand même pris plaisir à le lire. L'idée principale du récit est : "J'ai la chance que nous puissions vivre en paix, donc j'ai pu transmettre cette histoire."