Dans ce 42e volume, il y a pas mal de références à des situations et à des personnages des histoires précédentes. Ces références ne sont pas immédiatement évidentes pour un nouveau lecteur. L'intrigue reste classique dans son développement et, oui, tout tourne à nouveau autour de la trahison et des complots qui l'accompagnent. Dans cet album, on retrouve un vieil ami, Arbacès, l'un des ennemis d'Alix. Il se retrouve dans les ruines de l'ancien palais du légendaire roi Ulysse sur l'île d'Ithaque. Arbacès rêve d'y découvrir la tombe mythique des héros grecs Achille et Patroklos et de mettre la main sur des armes légendaires. Celles-ci auraient été fabriquées par le dieu grec de la forge Hephaistos lui-même. Arbacès est convaincu que celui qui possède ces armes parviendra à délivrer la Grèce du joug des Romains. En effet, les éternels rivaux Pompée et César sont engagés dans une bataille entre eux. Pour Arbaces, c'est le moment idéal pour briser la domination romaine et redonner le pouvoir aux poleis grecs. Jules César sollicite l'aide d'Alix et de son ami Enak. Nous faisons également la connaissance d'un nouveau personnage féminin, Oratis, militaire de haut niveau, lointaine descendante du roi mycénien Agamemnon. Il leur appartient d'empêcher le rêve d'Arbacès de se réaliser.

Le mélange de réalisme historique et de mythologie est quelque chose qui caractérise Alix depuis des années et qui a fait son succès. Le tandem Seiter-Jailloux y parvient parfaitement. Dans le passé, on a parfois critiqué les énormes morceaux de texte dans les bulles et les zones de texte. Cela empêchait une lecture fluide. Ce n'est pas le cas dans cet album. Il y a beaucoup d'action. Le rythme de la narration est serré, ce qui fait de cet album un plaisir de lecture d'une demi-heure. L'illustrateur Jailloux a manifestement consacré beaucoup de temps à la création d'ambiances (la flore du Péloponnèse, les nuages, les rues animées des ports, l'ambiance joyeuse des bistrots) mais aussi et surtout au rendu méticuleux des costumes, armes, inscriptions sur tablettes d'argile, fresques, vases peints, intérieur de la bibliothèque d'Alexandrie, temples du sanctuaire d'Epidaure, porte du Lion à Mycènes... La bataille navale avec les ballistes est aussi particulièrement bien décrite. En outre, l'ouvrage comporte de nombreuses notes de bas de page intéressantes qui visent à enseigner au lecteur un peu de vocabulaire. Par exemple, nous avons appris que "caupona" signifie auberge et que "minutal" est le nom d'une sorte de ragoût de viande. Cela apporte-t-il une valeur ajoutée ? Pour les lecteurs occasionnels, peut-être pas, mais pour les mordus de l'Antiquité classique, c'est certainement le cas.