Alfonso Zapico poursuit la chronique de la révolution manquée de 1934 dans le bassin minier, et si dans le volume précédent nous avons vu à quel point les luttes entre les travailleurs et l'armée nationale ont été dures, dans ce volume les faits sont replacés dans les raisons qui ont causé l'échec de la révolution. Le jeune Tristán, fils du cacique, part à la recherche de sa bien-aimée, qui s'est battue avec les révolutionnaires, étant la fille d'un de leurs chefs. Au cours de leur fuite, ils sont séparés et elle se retrouve dans l'une des prisons pour rebelles, comme certains des compagnons de son père, où ils subiront de dures tortures et des abus de toutes sortes. Pendant ce temps, Tristan et son père tentent de s'enfuir par la montagne sans savoir exactement où ils vont se retrouver. Un volume qui traite de la défaite, centré sur le point de vue de Tristán, un personnage qui permet à Zapico de porter un regard plus équidistant sur le conflit. Un jeune homme riche qui n'a pas participé directement à la rébellion, et qui ne se considère pas non plus comme faisant partie des causes de la rébellion ou de sa répression. L'auteur garde le ton nécessaire pour présenter les faits de la manière la plus objective possible - en ce qui concerne les acteurs politiques - mais sans perdre de vue les victimes, qui étaient principalement la classe ouvrière.

Ce poids se remarque dans l'approche des scènes, qui sont beaucoup plus longues et parfois sans beaucoup de texte, ce qui lui permet de transmettre les sentiments des personnages. Pour le contexte historique, il utilise d'autres ressources telles que les premières pages de la presse. S'il se concentre sur les personnages, et utilise pour cela un dessin plus lâche, comme celui qu'il avait déjà expérimenté dans Les Ponts de Moscou, il ne manque pas de nous ravir par son dessin des bâtiments et des environnements : le paysage est ici un autre personnage. Un travail colossal de mémoire historique, qui devient l'œuvre la plus longue et la plus ambitieuse d'un Zapico qui confirme son statut de lauréat du Prix national de la bande dessinée, avec une œuvre qui ne cesse de grandir et d'expérimenter de nouvelles ressources. Dans ce troisième volume, on retrouve le ton et le style narratif du premier volet, mais on perçoit également une évolution des ressources graphiques.